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Le problème de la Vérité

5 Janvier 2021 , Rédigé par clubphiloblagnac

Le problème de la Vérité

Nous sommes entrés progressivement dans ces sentiers de la sagesse, et nous pouvons commencer à pressentir tout ce qui se joue derrière toutes ces réflexions qui nous viennent en rencontrant les pensées des maîtres qui nous ont précédé sur ces chemins. Il y a des rencontres qui comptent et peuvent parfois transformer notre destin. Platon a rencontré Socrate et a demeuré huit années auprès de lui. Aristote s'est mis à l'école de Platon et a demeuré vingt ans à l'Académie. Tout ce que les anciens et les maîtres plus récents ont pu dire s'adresse encore à nous aujourd'hui. Mais que cherchons-nous auprès d'eux ? Des idées nouvelles pour nous distraire ou écrire des livres ? Passer un bon temps, auprès d'un bon feu, avec un bon livre, pour nous occuper l'esprit, comme on lirait un bon roman ? Recherchons-nous le seul plaisir de la lecture ? Pourquoi partir à la rencontre de ces maîtres de sagesse ? Que cherchons-nous ? C'est ici que se pose le problème de la vérité. La fréquentation des maîtres est finalisée par cette recherche : chercher avec eux la vérité sur l'univers, sur l'homme, sur Dieu. Nous espérons trouver dans ces lectures des petites ou des grandes lumières qui puissent nous éclairer nous-mêmes et nous aider à mieux comprendre « ce qui est », ce que nous sommes et ce qu'est Dieu.

Il y a donc au point de départ de notre recherche un désir, une attente, un dynamisme aussi parce que cette recherche est en quelque sorte infinie. Elle n'a de limite que celles qui viennent de nous. Nous manquons cruellement de temps pour lire, nous poser et réfléchir, parfois aussi nous manquons d'énergie (à quoi bon finalement), nous nous laissons distraire par des choses qui sont plus proches de notre sensibilité ou de notre imagination ou nos appétits passionnels, parfois aussi nous devons accepter les limites de notre intelligence, ses lenteurs, ses manques de subtilité, d'intuitions, de souplesse pour les raisonnements, ses difficultés à comprendre. Pourtant, il y a en nous un réel appétit naturel de l'intelligence pour connaître et, si nous ne l'étouffons pas, il est sûr que nous progresserons sans cesse dans cette recherche de la vérité. Il faut accepter que chacun a son rythme particulier, sa forme d'intelligence propre.

Ce désir de vérité est fondamentalement un amour. Peut-être n'en avons-nous pas encore pris pleinement conscience mais il y a en nous un amour très fondamental, viscéral pourrait-on dire, pour la vérité. Revenons au mot « philosophe », il signifie « ami de la sagesse ». L'ami de la sagesse est celui qui la cherche et qui la cherche « en vérité ». Il la cherche avec une certaine ferveur. Rappelons-nous le Poème de Parménide : « Les cavales qui m'emportent m'ont conduit aussi loin que mon cœur pouvait le désirer ». Que serait une sagesse qui serait fondée sur une erreur de l'intelligence, une déviation dès le point de départ, une illusion imaginative sous les apparences du rationnel ou pire encore qui serait mensongère ? Certains sont revêtus du manteau du philosophe mais n'en sont pas. En quoi une pensée qui ne chercherait plus la vérité nous aiderait-elle à être plus nous-mêmes, à mieux vivre ? Ainsi le problème de la vérité est-il au centre de toute notre vie humaine. Mais si nous la cherchons, c'est qu'elle est plus grande que nous. Je me souviens de cette réflexion de ma professeure de philosophie en terminale : « l'être nous déborde de toute part ». Cela signifiait pour elle que nous ne possédons pas la vérité. C'est bien plutôt la vérité qui nous attire et son amour qui nous possède. Rappelez-vous la parole de Merleau-Ponty : « L'idéaliste n'interroge plus ». Au fond, il est comme un homme repus. Sa faim et sa soif se sont éteintes. Il n'y a rien de pire que l'extinction du désir de la vérité. L'interrogation, au contraire, est la manifestation, au plus intime de notre intelligence, de cette soif de vérité. Interroger, c'est demander, chercher, exprimer un désir de connaître. Et comme le rappelle Aristote, au point de départ, notre intelligence est comme une table rase.

Mais si nous regardons la question de Pilate au Christ, qui lui dit qu'il est venu en ce monde « pour rendre témoignage à la vérité », nous comprenons toute l'incompréhension que nous avons aujourd'hui de ce terme de « vérité » : « Qu'est-ce que la vérité ? » demande Pilate. Au fond, Pilate exprime cette inquiétude : où pourrions-nous trouver une parole vraie ? C'est curieux comme cela nous renvoie à nouveau vers l'amour. C'est l'amour lié à la confiance. Quand on commence la philosophie, on se demande où trouver cette parole vraie. On cherche des maîtres. Un enseignement qui puisse nous faire progresser et qui soit vrai. Mais, dans le même temps, le terme de « vérité » est devenu étrangement suspect : il est immédiatement identifié à une attitude dogmatique, intransigeante, voire orgueilleuse. On prétend détenir la vérité. Nous connaissons tous de ces intellectuels capables de parler sur tout, de répondre à tout, et qui ont toujours raison. Si l'on identifie la vérité à un système de pensée, à une logique, à un ensemble de définitions, à des connaissances encyclopédiques, à des opinions personnelles, c'en est fini de la vérité et c'en est fini de la philosophie. On peut répéter des vérités parce qu'on les a lues, on peut répéter une pensée parce qu'on en a compris la construction logique, on peut connaître par cœur des textes de grands philosophes. mais répéter n'est pas la sagesse. La sagesse, c'est connaître ce que nous sommes en profondeur et en vivre ! « Connais-toi, toi-même ! ». La philosophie nous interroge personnellement. J'aime beaucoup cette phrase de l'évangile : « le dis-tu de toi-même ou un autre te l'a-t-il dit ? » Il s'agit donc à la fois de penser par soi-même et dans le même temps de ne pas demeurer au niveau de l'opinion. La philosophie est une science ou plutôt un corpus de sciences.

Mais les maîtres, et les professeurs de philosophie, ne professent pas une seule et même doctrine. Il y a même de terribles dissensions entre leurs enseignements. L'histoire de la philosophie manifeste ces contradictions et ces oppositions entre les doctrines des philosophes au point que certains doutent de la pertinence de la philosophie elle-même. Cela était déjà vrai dans l'antiquité, mais c'est encore plus vrai aujourd'hui. Alors, souvent, on se réunit « entre soi », en écoles diverses et rivales, pour défendre ce que nous considérons être la vérité. Et souvent encore, on préfère professer qu'il n'y a pas de vérité, ou que « chacun a sa propre vérité », ce qui revient au même. La recherche de vérité se heurte ainsi à une attitude de l'intelligence qu'on appelle le scepticisme. C'est sans doute ce scepticisme qui avait conquis l'intelligence de Pilate et il ne voyait pas d'issue : « Qu'est-ce que la vérité ? » demande-t-il.

Les mathématiciens sont plus heureux. Ils sont globalement d'accord entre eux en ce qui concerne les principes, les axiomes, qui permettent le développement de la science mathématique. Certes, il y a là encore un progrès constant des mathématiques mais qui ne remet pas nécessairement en question ce qui a été développé par les savants qui nous ont précédé. Au contraire, tout cet acquis permet aux suivants d'aller encore plus loin. On ne peut pas en dire autant de la philosophie. Pourrait-on affirmer que l'histoire de la philosophie représente un progrès continu ? La philosophie antique serait alors dépassée par la philosophie médiévale, celle-ci dépassée par la philosophie moderne puis cette dernière par la philosophie contemporaine. C'est, d'une certaine manière, la conviction de Hegel. Pour lui, l'histoire de la philosophie s'identifie à l'histoire de l'Esprit qui devient de plus en plus lui-même. Avec Hegel, le devenir pénètre en Dieu lui-même. C'est en Hegel que toute l'histoire de la philosophie atteint son sommet. En lui, sont dépassées toutes les oppositions. En sa philosophie de l'Esprit qui absorbe la Religion et la dépasse, l'opposition fondamentale de l'être et du non-être est dépassée, résolue, dans le Savoir absolu. L'Esprit est au-delà de l'affirmation et de la négation. Mais après Hegel, il y a eu un éclatement de la pensée philosophique dans les idéologies athées. La réalité, c'est que lorsque le devenir absorbe Dieu, il n'y a plus de Dieu.

Interrogeons-nous. Comment une philosophie peut-elle être une science et une sagesse ? Comment peut-elle se défendre face à ses détracteurs ou ses rivales ? La modernité, en philosophie, a voulu résoudre ce problème en donnant à la philosophie elle-même une dimension critique et, avec Kant, une dimension hypercritique. Elle a voulu également se modeler sur les méthodes scientifiques. Pensez à Descartes, Kant et Spinoza puis, plus récemment, Husserl. Mais si l'on place la critique au point de départ de la philosophie, on place nécessairement la négation avant l'affirmation, la critique de la connaissance avant l'expérience. Regardez la perspective de Descartes : le doute doit être posé avant toute méditation sur l'être et l'être n'est aperçu que dans la lumière de la conscience, du cogito. Chez Kant, l'être n'est définitivement plus ce que l'on recherche. La philosophie a une tâche plus humble. Elle doit permettre de circonscrire le champ des connaissances rationnelles possibles : « que puis-je connaître ? ». Qu'est-ce qui fonde nos jugements ? De Descartes à Kant, la philosophie recherche la certitude. Ce n'est plus la recherche de la vérité mais de la certitude. De quoi puis-je être absolument certain ? Chez Hegel, la dialectique devient le moteur du progrès historique de la Raison et celle-ci s'identifie progressivement à l'Absolu.

La question que nous posons était déjà celle de Platon. Comment la philosophie peut-elle contempler des vérités qui ne soient pas immédiatement démenties par le « Tout s'écoule » d'Héraclite ? La philosophie n'est pas constituée d'affirmations instantanées et éphémères qui ne seraient vraies qu'au moment où elles seraient dites. Vous dites qu'il pleut. S'il pleut au moment où vous l'affirmez, c'est vrai. Mais s'il cesse de pleuvoir, votre affirmation est déjà fausse. C'est pourquoi Platon affirmera que l'être est au-delà du devenir. L'être est le lieu des Formes Idéales et celles-ci sont des Etances éternelles. Ces Formes, que le philosophe découvre au plus intime de l'esprit dans son activité contemplative, sont les modèles parfaits et divins de tout ce qui n'existe qu'imparfaitement et transitoirement dans le monde du devenir. Aristote a bien vu que Platon cherchait à dépasser la vision de l'Être-Absolu de Parménide et la vision du devenir perpétuel d'Héraclite. Comment la philosophie peut-elle se fonder comme une science ? Une science est universelle et ses principes ne changent pas. Une connaissance scientifique pourrait-elle ne pas être stable ? Mais les Formes idéales ne sont pas la bonne réponse à la question qui porte sur l'être de « ce qui est ». Même si elle existaient relève Aristote comment pourraient-elles me faire connaître l'être de l'étant, de cet étant que j'expérimente, de cet étant que je suis moi-même ? C'est cette réalité existante actuellement qu'il veut connaître dans sa plus grande profondeur. La grande lumière d'Aristote sera de comprendre que certes l'être est saisi au-delà du devenir mais qu'il est saisi à partir de lui et en lui. Ce qui devient est, le vivant est, l'homme est. Il ira donc beaucoup plus loin que son maître et fondera la philosophie comme la science de l'étant, dans toutes ses dimensions et toute sa profondeur, par la découverte des principes et des causes propres de « ce qui est ». La science, pour Aristote, c'est connaître par les causes. Mais vous voyez tout de suite que le problème de la vérité se pose de diverses manières selon les diverses sciences philosophiques. La rigueur n'est pas la même dans les sciences pratiques et les sciences théorétiques. Aristote distinguera donc les sciences liées au faire et à l'agir des sciences liées à la connaissance de la nature, des vivants et particulièrement de l'homme. Sa métaphysique permettra un ultime regard sur l'homme déjà entrepris dans sa philosophie du vivant. Puis, la sagesse, pour Aristote viendra couronner toute cette démarche puisqu'elle s'épanouit pour le philosophe en vie contemplative.

Alors posons-nous brièvement la question de la vérité. Qu'est-ce que la vérité dans l'activité fabricatrice et scientifico-technique de l'homme ? Qu'est-ce que la vérité dans sa vie morale et pour certains dans leur vie religieuse ? Qu'est-ce que la vérité en politique ? Qu'est-ce que la vérité dans la connaissance de la nature et des vivants ? Qu'est-ce que la vérité en métaphysique ? Qu'est-ce que la vérité dans la connaissance de Dieu, s'il existe ?

La vérité dans l'art

Qu'est-ce qu'être vrai pour un artiste ? L'artiste est celui qui produit une œuvre. Il y a son travail et le fruit de son travail. Son travail a été préparé par le sérieux de sa formation, puis par son expérience (on devrait dire ses multiples expériences, s'il est non pas un débutant mais un artiste confirmé), enfin par son inspiration. On porte une œuvre à réaliser au-dedans de soi, avant de lui donner existence au dehors. Il y a là comme un accouchement d'un projet que l'on a longuement porté. Ou bien, parfois notre travail est la réponse à une commande que l'on a acceptée parce qu'elle peut s'intégrer dans notre orientation artistique, qu'elle entre dans le champ de nos compétences, sans en ressentir de la honte. On dira qu'un véritable artiste ne peut accepter de galvauder son art. Il ne peut pas trahir ses propres convictions pour des motifs qui sont extérieurs à l'art, comme le fait de s'enrichir plus facilement et rapidement. Thomas d'Aquin dit cette chose extrêmement forte sur l'artiste : il a des voies déterminées. Ces voies se sont creusées en lui à la mesure de la qualité de son travail, de la profondeur de ses études, de l'excellence de sa réflexion. Elles impliquent la symbiose de sa sensibilité, de son imagination, de sa culture, de son intelligence, de ses dispositions naturelles, de son affectivité et de sa volonté efficace. Car il faut bien dans l'art une efficacité. Il y a une œuvre à faire. Mais dans l'art aussi, il y a de l'amour. L'amour de la matière, l'amour de la pratique d'un art, l'amour des instruments dont on se sert, l'amour de l'œuvre qui finalise le travail, l'amour de celui ou de ceux à qui elle est destinée. On ne veut pas tromper sur la marchandise !

Ces voies déterminées font partie de la vérité de l'artiste car elles agissent à l'intérieur de son intellect pratique comme des lois, des garde-fous, des orientations très fermes. L'artiste est un homme de conviction. Ces convictions se sont formées puis affermies dans le travail. C'est pourquoi, on pourra s'imaginer que l'artiste est un orgueilleux (il peut l'être mais pas comme artiste, comme homme !). Mais ces voies déterminées de l'artiste jouent un rôle analogue aux préceptes moraux dans la vie morale. Les trahir serait à ses yeux analogue à la faute. Au niveau de l'éthique religieuse, il y a quelque chose d'analogue. Les règles de vie des moines sont un exemple frappant de ces normes et de ces garde-fous qui permettent au moine d'inscrire son activité religieuse non seulement à l'intérieur d'un cadre de vie mais surtout en lui apportant un style de vie particulier qu'une autre règle de vie ne réclamerait pas. Il n'y a qu'à comparer les styles de vie des bénédictins et des chartreux. Les rituels liturgiques qui eux ont une double dimension éthique et artistique apparaissent aussi comme des règles de prière. Il faut respecter le typikon, l'ordo, c'est-à-dire toutes les prescriptions définies pour le bon déroulement des offices liturgiques. Cela donne aussi un caractère particulier aux différents rites. Pensez à la différence entre une cérémonie bouddhique, juive ou chrétienne. Et chez les chrétiens les rites ont toujours été multiples !

Les voies déterminées de l'artiste sont la marque de fabrique de ses œuvres. On y voit la pâte de l'artiste, sa personnalité. Cette vérité artistique, nous le voyons bien, est très différente de celle de l'homme moral ou religieux. Elle doit impliquer la conformité de ce qu'il porte au plus intime de son intelligence pratique et de ce qu'il réalise dans l'œuvre. En art, le principe de l'œuvre est la forme conçue dans l'intelligence de l'artiste. Il y a là quelque chose qui est comme le chemin inverse de la connaissance spéculative. Prenons le jugement d'existence « ceci est », la conformité de ce jugement à « ce qui est » est l'adéquation du jugement à cette réalité extérieure qui est « ceci ». Le ceci qui existe est connu par l'intelligence et sa forme et son exister ont été connus par elle. Mais ce qui a été conçu dans l'intelligence est mesuré par la réalité existante extra-mentale. Dans l'art, la forme est antérieure et réalisée progressivement dans la matière. C'est cette forme pensée par l'artiste qui est la mesure de l'œuvre. Il y a donc adéquation de l'œuvre à ce qui a été conçu et voulu par l'artiste.

La vérité morale

Le principe de l'activité morale pour Aristote est le bonheur. Cela peut paraître tout-à-fait dépassé dans un monde ou le spleen et l'angoisse semblent tellement recouvrir le cœur des hommes. Notre civilisation est marquée par des idéologies qui favorisent un climat d'angoisse. Pourtant, en chacun de nous demeure cette aspiration au bonheur, sous les traits de la libération, de l'égalité, de la fraternité, du bien-être, du développement personnel. Nous assistons à une débauche d'expérimentations de toutes sortes pour trouver la formule idéale qui nous apportera le bonheur. C'est normal puisque l'homme désire par-dessus tout être heureux et si ce bonheur lui semble être inaccessible, c'est alors le désespoir qui risque de le dominer. Le désespoir c'est la mort du désir ou le désir de la mort. Le bonheur, au contraire, donne sens à toutes nos autres activités humaines parce qu'il est la seule chose que nous recherchons pour elle-même et non en vue d'autre chose. Qu'y-a-t-il de plus grand que le bonheur ? Mais il faut découvrir ce qui est capable d'apporter à l'homme un vrai bonheur. Ainsi, le problème de la vérité revient en éthique. Il faut d'abord déterminer la nature du bonheur et Aristote placera ce bonheur dans l'amitié et dans la contemplation. Toute la vie selon les vertus sera subordonnée et éclairée par cette double finalité. Pourquoi l'amitié ? Si le bonheur est le principe, il se réalise concrètement dans un bien concret qui peut être réellement source de bonheur pour moi. Ce bien est l'ami. Dans l'amitié qui implique une réciprocité les amis sont sources de bonheur l'un pour l'autre. Ils sont le bien l'un de l'autre. Il faut donc être vrai dans le choix de l'ami et qu'il soit vrai lorsqu'il nous choisit. Dans ce choix, il y a un discernement. Cela revient du reste dans toute notre vie. On parle parfois d'amitiés toxiques. On comprend ce que cela signifie : un attachement à une personne qui n'est pas un bien pour vous mais un mal. Quand l'ami est aimé, que notre intention de l'aimer se concrétise dans un choix amical, il doit y avoir conformité de ce choix à notre intention. Cette conformité se vérifie concrètement dans l'exercice de la prudence qui organise notre vie en ordonnant et relativisant nos activités en vue de cette fin personnelle. Notre lien d'amitié s'exercera de manière vertueuse à travers la vertu de justice qui nous fait regarder les droits de l'autre, et à travers les vertus de force et de tempérance.

Ce qui est au centre de l'activité morale c'est l'intention morale. L'intention se noue au plus intime de la volonté. Il vaudrait mieux dire du cœur car ce n'est plus la volonté d'efficacité, comme dans l'art, mais une volonté commandée par l'amour et un amour qui se porte vers un bien personnel. Seul un bien personnel (l'ami) porte en lui-même suffisamment d'infini pour être capable de nous finaliser. Un bien sensible, une activité artistique, une œuvre ne suffisent pas pour être un fin capable de nous perfectionner, ne nous achever. Il ne s'agit pas ici de l'idée du bien mais d'un bien concret. Dans notre prochain cours nous continuerons à regarder différents aspects de cette recherche de vérité et particulièrement dans la philosophie théorétique.

 

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